Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 20 juillet 2013Une école de prière
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche se présentent à nous comme une école de prière. Nous avons tout d’abord l’intercession d’Abraham pour les habitants de Sodome. En raison de leurs péchés, ils sont promis à un châtiment bien mérité. Cette discussion entre Abraham et Dieu se présente comme un marchandage à l’orientale : Ça part de 50 et ça tombe à dix. Abraham s’efforce de faire valoir ce qu’il y a de bon dans la vie des hommes ; il croit que les justes sauveront le monde. Leur intercession a plus de poids sur le sort de l’humanité que les facteurs du mal. Abraham fait confiance à la justice de Dieu qui va jusqu’à épargner le coupable afin de ne pas châtier l’innocent.
La ville de Sodome nous est présentée comme ce qu’il y avait de pire dans le péché. Mais quand on y regarde de près, on voit bien que le mal est toujours là. Chaque jour, les journaux, la radio et la télévision nous apportent les dernières nouvelles de la politique, de la criminalité et de la perversion. Alors que faire ? La grande tentation serait de se lamenter sur ce monde pourri. Mais Abraham nous apprend à changer notre regard. Au milieu de toute cette perversité, il y a des justes. Leur générosité nous rappelle que rien n’est définitivement perdu.
Comme Abraham, nous sommes invités à nous tenir en présence du Seigneur. La mission des communautés chrétiennes c’est précisément d’intercéder auprès de lui pour ce monde que Dieu a tant aimé. Si on aime les autres en chrétien, on se doit de les porter dans la prière. Cette prière nous aidera à changer notre regard sur eux. Comme Abraham, nous avons la ferme certitude que le petit reste des fidèles peut sauver la multitude.
Malheureusement, dans son marchandage avec Dieu, Abraham n’est pas allé assez loin. Il s’est arrêté à dix justes. Mais voilà que l’apôtre Paul nous annonce une bonne nouvelle : II reste bien un juste : c’est Jésus lui-même. Par sa Passion, sa mort et sa résurrection, son salut est offert à toute l’humanité ; notre sort est lié à celui de Jésus Christ : il est ressuscité ; nous aussi, nous sommes appelés à la résurrection. Nous chrétiens baptisés, nous croyons que la force de Dieu agit aussi dans nos vies. Le Christ se présente à nous comme le seul juste qui ne se lasse jamais de faire miséricorde.
L’évangile nous entraîne encore plus loin dans l’apprentissage de la prière. C’est Jésus lui-même qui nous donne l’exemple. Il prie souvent et longuement. Il lui arrive parfois d’y passer des nuits entières. Aujourd’hui, il veut nous associer tous à sa prière. C’est important car elle nous permet d’entrer dans une relation toujours plus forte et toujours plus profonde avec Dieu. On dit souvent aux personnes âgées : “Tant que vous pouvez prier, vous n’êtes pas inutiles sur cette terre.” C’est vrai, notre monde a un très grand besoin de la prière de tous.
Dans la prière que Jésus nous enseigne, tout est dit sur notre relation à Dieu et aux autres. Il nous apprend à nous tourner vers lui comme vers un Père plein de tendresse. Les premières demandes nous disent que nous devons nous préoccuper du règne de Dieu, de sa gloire et de sa volonté. C’est ce qu’il y a de plus important : “Que ton nom soit sanctifié…” C’est dans notre vie et dans notre monde que la sainteté de Dieu doit être manifestée. A travers ces demandes nous exprimons notre reconnaissance au Père qui nous comble de son amour. Notre réponse doit être celle d’un amour qui cherche le triomphe de son règne.
La seconde partie du Notre Père concerne nos besoins et ceux de notre monde. C’est avec confiance que nous demandons à Dieu le pain dont nous avons besoin chaque jour. Nous pensons bien sûr à la nourriture matérielle qui nous est nécessaire pour vivre. Mais saint Cyprien nous rappelle que le pain le plus essentiel c’est l’Eucharistie. Nous devons souhaiter que les chrétiens se nourrissent souvent de ce pain pour être transformés par le Christ. C’est là qu’ils trouveront toute la lumière et la force de sa grâce.
“Pardonne-nous nos offenses…” Dieu se montre Père quand son pardon libère nos cœurs et nous fait revivre. Et si nous demandons le pardon, c’est parce que nous-mêmes, nous avons appris à pardonner à nos frères. “Ne nous soumets pas à la tentation…” Cette tentation c’est celle du désespoir, c’est quand nous pensons que Dieu nous abandonne. Jésus nous apprend à nous tourner vers le Père pour lui demander de nous libérer de ce mal qui cherche à nous détruire.
C’est dans la prière que nous trouvons la vraie joie. C’est par elle que nous trouvons le courage d’aimer comme Jésus et avec lui. C’est elle qui rendra notre vie digne de Dieu et féconde. Oui, Seigneur, apprends-nous à prier. Apprends-nous à nous tourner vers notre Père avec confiance et avec persévérance. Amen
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en paroisse – Pour célébrer l’Eucharistie (Feder et Gorius) – Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – Missel Communautaire.